
Je suis céramiste et mon travail est façonné par les rythmes élémentaires de la nature – le feu, l'eau, l'air et la terre – dans leurs cycles de transformation, de renouvellement et de décomposition. Avant de me tourner vers l'argile en atelier, j'ai passé des années comme humanitaire auprès de communautés meurtries par la guerre, les catastrophes et les déplacements. C'est là, au milieu des décombres et de la reconstruction du quotidien, que mon parcours dans la céramique a véritablement débuté.
J'ai souvent croisé des objets artisanaux tissés pour la survie : jarres d'eau rapportées des puits, marmites noircies par les feux, bols passés de main en main. Ces humbles objets étaient plus que fonctionnels ; ils incarnaient la continuité, la résilience et la mémoire. J'ai porté ces impressions en moi, et elles sont devenues le terreau sur lequel ma propre pratique s'est développée.
Plus tard, j'ai suivi une formation à Florence, en Italie, où j'ai approfondi ma compréhension de l'argile – sa forme, son alchimie et ses transformations. Cette formation façonne aujourd'hui mon travail en France, où je me concentre principalement sur la porcelaine – un matériau à la fois fragile et résistant, lumineux et pourtant résilient, à l'image des histoires humaines qui m'ont d'abord attiré vers l'argile.
Dans mon atelier, j'intègre des techniques de fabrication à la main et de tournage, guidée par un sentiment de connexion avec la terre et ses cycles. Chaque pièce est créée à partir d'argile extraite du sol, façonnée, séchée et transformée par le feu. Lors de mes cuissons au saggar, j'entoure les formes de feuilles, de fleurs et de minéraux récoltés après la saison, permettant ainsi au feu d'écrire sa propre histoire à la surface.